Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

21 septembre 2017 4 21 /09 /septembre /2017 15:35

 

 

 

 

La vie est parfois amusante. Ce qu'on avait nommé à 17 ans et faute de mieux absolu s'était dissous entre temps dans le temps devenu fin comme un couperet, pratiquement large comme l'instant. On avait découvert l'absolu avec Baudelaire qui était en quête tandis qu'on buvait des kirs ou n'importe quoi d'autre pour trouver du Nouveau et qu'on n'était pas sérieux mais que tout était toutefois grave. De fait, ce que l'on croyait ne devoir arriver qu'avec le chant des anges ou des sirènes laissant émerger une raison de vivre d'une mer insipide advenait de façon tout à fait banale c'est à dire mécanique pour des millions d'êtres qui à juste titre, il faut avoir du temps à perdre, n'avaient jamais conçu l'absolu, qui par manque d'inspiration, qui de nécessité ou d'imagination, ni même cherché (ou trouvé) de raison de vivre. Ça n'était pas se découvrir banal qui brûlait au creux du torse, faire par miracle ou faire par automatisme au fond, quelle différence sinon tout intérieure et personnelle? Ce qui brûlait c'était la fin d'une illusion, l'aridité d'un sentiment de liberté qui isolait plutôt qu'unir, la vanité de l'émotion.

 

 

 

Partager cet article
19 mai 2017 5 19 /05 /mai /2017 12:44

 

 

 

 

 

 

 

Il était encore tôt et il faisait les cent pas sur le trottoir humide. L'air frais et piquant du matin lui caressait les joues et même si c'est banal, il en était ainsi, l'air frais lui caressait les joues et il en oubliait l'ennui qu'il avait éprouvé à son réveil en découvrant la même chambre se dessiner sous ses yeux trop habitués à la répétition. Il ne savait pas bien d'où venait sa confusion ni même s'il était confus au fond. Il était indécis, ça oui. L'important étant qu'on ne l'approchât pas trop, jamais trop et que nul ne se tînt trop longtemps trop près de lui. Aucune émotion ne venait balayer la surface lisse qu'il mettait en contact avec le monde. Certes, il avait besoin d'être distingué entre tous, il avait besoin de l'affection d'un grand nombre mais il ne tenait nullement à entrer plus avant dans un quelconque commerce avec un exemplaire du lot. Ainsi il faisait les cent pas et il ne savait même plus ce qu'il attendait.

Partager cet article
29 novembre 2016 2 29 /11 /novembre /2016 17:25

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À un certain point, tout semblait s'arrêter et se figer. Cela ressemblait à l'idée que l'on se faisait de l'ennui parce qu'à ce point, précisément, il n'y avait plus que des idées, des images et rien qui ne soit réel, rien qui n'ait la densité du corps inanimé de ma mère lorsque j'allai la voir dans le sous-sol glacé de la clinique de la Reine-Blanche. Ici tout cela bougeait mais cela n'était rien et rien n'existait pas non plus. Les mots encombraient la candeur de cet instant aride, abrupt, qui dégringolait tout à coup dans un espace nouveau qui se heurtait à l'apparence de l'espace ancien. Ne pas avoir d'idées, ne pas s'inquiéter, ne pas penser à l'instant d'après, se tenir ici et là accroché à sa respiration comme au dernier fil vivant. Derrière les projections qui m'aveuglaient, il n'y avait que l'amour. Le reste, on l'oublierait.

Partager cet article
25 novembre 2016 5 25 /11 /novembre /2016 18:11

 

 

 

 

 

 

 

 

On croit avoir escaladé un versant mais on n'a pas commencé à franchir les premiers mètres. On est déjà épuisé. On n'aperçoit même pas - de loin on pourrait - la cime qui se perd derrière de lourds nuages immobiles. Très vite le brouillard arrive et s'épaissit, il faut poursuivre à l'aveuglette: on suit le sentier que l'on reconnaît sous ses pieds car on les voit encore. Et pas à pas, on avance, avec courage et en y mettant toute la foi dont on se sent capable, car on a de la foi à revendre! Alors on marche et on ne perd pas de vue ses propres pieds sans quoi on risquerait de perdre le corps entier en ces régions hostiles, ce qui ne ferait pas notre affaire, au contraire. Et puis tout à coup, c'est le désespoir, l'épuisement, physique et moral, un doute surgit, ce voyage en vaut-il la peine? A-t-on choisit la bonne saison? Est-on suffisamment en forme pour arpenter les côtes escarpées des reliefs terrestres? Tant de questions! Vaines toutefois. Parce qu'en réalité, il n'y a pas de montagne du tout.

Partager cet article
22 novembre 2016 2 22 /11 /novembre /2016 15:06

 

 

 

 

 

 

 

Au beau milieu de cette foule disparate, elle était immobile et dévorait du regard la femme qui était apparue sur l'estrade. Un rideau jaune pendait sur la gauche de la scène, les lumières étaient basses et l'atmosphère feutrée. On se serait cru au fond d'un océan où chaque son aurait pu prendre un tour imprévisible, être anéanti ou dilaté par l'élément liquide et de fait, tous se taisaient. La femme ferma les yeux et son front rougit.

- Dans le tiroir de gauche, dans la commode qui se trouvait dans le bureau de votre père, vous aviez usage de cacher la petite clé qui ouvrait un coffre en ébène qui vous venait de votre mère.

La stupeur qu'elle éprouva lui permit de sentir voyager vers elle son enfance comme si elle eût été enfouie tout entière dans cet instant ouaté. Ça n'était pas tant que l'assertion fût vraie à la surprendre mais plutôt que tous les instants passés lui semblaient en regard avoir été isolés les uns des autres et qu'elle les délivrait comme d'un enchantement qui les avait tenus cloisonnés. Sa vie vivante au creux de ce corps qui était son véhicule avait un sens qu'elle ignorait mais cette ignorance-même en cet instant avait épousé l'évidence que tout était su et que le secret ne résidait pas dans les circonstance mais se trouvait derrière, toujours derrière.

Partager cet article